C comme Courrier

Huit jours après avoir tué Edouard Amédé GAIGNIERE, Jean François PAILLOT rédige un courrier à ses parents en réponse à une lettre qu’ils lui ont adressée. Seul ce courrier du fils daté du 1er octobre 1880 a été conservé dans le dossier judiciaire.

Dans cette missive, Jean François PAILLOT cherche avant tout à rassurer ses parents sur ses conditions de détention : nourriture, hygiène, santé, repos.

Courrier de Jean-François PAILLOT à ses parents (orthographe non modifié)

« Le 1er octobre 1880

Chers Parents,

Je répond à votre lettre dont je ne my atendait pas de recevoir 5 francs de vous puisque savied bien que j’en avait. J’ai à vous recomander de ne pas vous ocupés où sont mes vêtements aprésent.

Je vous direz que j’ai été voir ma tente à Vivier-au-court j’ai séjourné 2 jours, depuis que je suis à Sedan j’ai eu 3 fois du lait le matin.

Le premier jour je ne trouvait pas le pain bon mais aprésent je me suis bien abituer et je le trouve exsélant. Nous avons la soupe 2 fois par jour elle n’ait pas mauvaises.

Tous les détenus en ont tous, on en parle et on sort dans une cour, le matin la première occupation et de se laver avec de leau de la fontaine qui coule dans la cour, il y a les livres a lire a notre guise, il y a rien dans cette maison qui peut être contraire à  la santé, donc ma santé est parfaite et je me repose bien la nuit sur un lit avec paillasse et matelat.

Chers parents, il ne faut pas vous a tristé à seul fin de ne pas vous rendre malade vous avez besoin de la santé enfin de vivre longuement donc plus tart je vous donnerez la signification. »

Courrier de Jean François PAILLOT à ses parents – 1er octobre 1880

La maison d’arrêt de Sedan

Douze registres d’écrou semblent être disponibles à la consultation aux Archives des Ardennes. Les plus anciennes archives concernent justement cet établissement pénitentiaire avec des documents remontant à 1875, donc la période qui m’intéresse particulièrement. Une recherche à inscrire dans la liste pour une prochaine visite !

Comme on peut le voir sur la carte postale ancienne en illustration, cette maison d’arrêt était accolée au tribunal (lui-même construit en 1823) et n’existe plus aujourd’hui. Elle a été détruite en 1968 pour laisser place au commissariat de police.

Anecdote en clin d’oeil à l’affaire au coeur de ce ChallengeAZ 2023 : en 2020, a été annoncé le projet de construction d’une prison en 2025… à Donchery, le lieu où le crime a été commis !

Carte postale ancienne de Sedan – A droite, on aperçoit la maison d’arrêt

Les parents de Jean François PAILLOT

Ce courrier m’amène naturellement à présenter les parents de Jean François PAILLOT.

Son père, Joseph PAILLOT, est né le 22 septembre 1830 à Pourru-Saint-Remy, dans les Ardennes. C’est le seul enfant du couple Jean Baptiste PAILLOT et Marie QUINET (mes Sosa 34 et 35) à être né dans cette commune. Les 3 autres enfants, nés en 1825 (Julie), 1826 (Catherine) et 1833 (Louis Auguste, mon Sosa 34), ont vu le jour à Angecourt. Il exerce la profession de cordonnier, et sera garde-champêtre quelques années plus tard.

Née à Raucourt (qui deviendra plus tard Raucourt-et-Flaba) le 31 mars 1827, Marie Catherine SIBIOUDE, sa mère, est la fille de Pierre SIBIOUDE et Marie Anne THIRIET.

Extrait de l’acte de naissance de Marie Catherine SIBIOUDE

Les parents de Marie Catherine se sont mariés à Raucourt en 1806 et ont eu au moins 9 enfants. Marie Catherine semble être la dernière de la fratrie, sa mère avait environ 40 ans à sa naissance. Et comme son père, Marie Catherine SIBIOUDE est ouvrière en fer.

Joseph PAILLOT, encore mineur, et Marie Catherine SIBIOUDE, déjà majeure, se sont mariés le 8 avril 1850 à Raucourt. A leur mariage, seul le père de l’épouse est encore en vie.

Tous deux décèdent à Raucourt-et-Flaba : Marie Catherine en 1894, Joseph en 1916.

Extraits de l’acte de mariage de Joseph PAILLOT et Marie Catherine SIBIOUDE

Et du côté de ses frères et soeurs ?

Mes recherches se sont soldés par de maigres résultats. Aucuns enfants morts-nés ou décédés en bas-âge pour le couple Joseph PAILLOT et Marie Catherine SIBIOUDE. Il semble donc que Jean François n’aie eu qu’une soeur : Catherine Augustine, née 6 ans avant lui.

Née le 8 juillet 1850, Catherine Augustine PAILLOT a épousé Augustin Joseph COBUT le 16 mars 1868 à Raucourt-et-Flaba. Elle est ouvrière en fer, lui maréchal-ferrant.

Acte de naissance de Catherine Augustine PAILLOT

Je n’ai trouvé qu’un seul enfant issu de ce mariage. Marie Augustine COBUT est née le 21 février 1869 à Raucourt, elle y décède le 1er juin 1891, à 22 ans alors qu’elle est mariée à Michel DELLINGER, jardinier. Ce dernier s’est remarié moins de 2 ans après ce décès avec Augustine Constance Anna… COBUT, une parente de sa première épouse.

La soeur de Jean François PAILLOT, Catherine Augustine, est décédée à 44 ans, le 18 juin 1895, à Raucourt-et-Flaba. Son mari l’a précédée de moins d’une année : alors manoeuvre, il a perdu la vie le 1er octobre 1894.

Catherine Augustine PAILLOT n’est pas une seule fois mentionnée dans le dossier judiciaire de son frère, ni comme témoin, ni tout simplement comme parente.

Acte de décès de Catherine Augustine PAILLOT

Sources : AD Ardennes, Geneanet

Illustrations : AD Ardennes, cbelmont/Geneanet, collection personnelle

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